[DOC] La Coiffeuse qui ne Manquait pas d’Hair

3 avril 2015 9 h 00 min

Monica est coiffeuse dans le quartier de la Porte de Vanves, dans le 14e arrondissement de Paris. Mais dans son salon, on ne fait pas que se faire couper les cheveux… Studio 5, c’est l’histoire d’une passion, d’une jeune femme et de son désir de mener à bien un projet qui lui ressemble : créer un espace de liberté, où la rencontre est encouragée…

Quand le matin Monica se rend à son travail, les embrassades des clients qu’elle croise ponctuent son chemin. Quelques mètres pour aller acheter son croissant quotidien suffisent à saluer un habitant, embrasser une cliente devenue amie (« ou une amie devenue cliente ? Je ne sais plus… »), discuter avec un passant, promettre à un autre qu’ « aujourd’hui, pas de retard ! »… et enfin, rire avec la boulangère qui, un peu plus tard, traversera la rue jusqu’à Monica, pour « prendre une pause, bien méritée ».

Quand elle arrive enfin, Monica pousse la grille qu’elle n’a pas fermé la veille. Puis elle n’enclenche pas les caméras de vidéo surveillance : elle n’en a pas. En venant s’installer dans le quartier de la Porte de Vanves, on l’avait pourtant prévenue : « fais attention à toi Monica, ça craint là-bas, il faudra que tu t’équipes en conséquence… ». Un conseil qu’elle a suivi : elle est donc allée acheter des caméras « de compèt’ qui m’ont coûté super cher ! », dont le destin aura été de ne pas voir la lumière du jour… Car à la réception de ses nouveaux instruments qui, lui disait-on, garantiraient sa sécurité, elle a plutôt choisi de faire confiance et a finalement décidé de les laisser dans leur carton d’emballage.

Quand autour de 10h les premiers clients arrivent, Monica leur offre du thé ou du café. Toute la journée, c’est un défilé. Hommes et femmes passent en coup de vent, ou s’installent un moment. Certains restent toute l’après midi, selon l’envie et le travail à accomplir. La gardienne du Crazy Horse, Myriam et la boulangère, Joël, le top modèle, l’amateur de danse orientale et le jeune footballeur, la lycéenne et la retraitée… Ainsi, la journée prend la couleur des personnes qui se retrouvent chez Monica. « Il y a une bonne ambiance ici, c’est familial », s’exclame Paula. « Des fois à 1h du matin on est encore là ! ». Myriam ajoute : « elle sait séquencer sa journée, entre les massages, les cafés… on est un peu comme dans une maison d’hôtes ici. Elle n’a pas créé de concept, mais c’est complètement naturel ! »

Quand Monica a besoin d’une pause, elle pousse le Kizomba un peu plus fort… Et elle partage cette musique qui lui rappelle le Portugal d’où elle vient avec ses clients, charmés, invités à kizomber…Et là, « on a vraiment pas l’impression d’être chez le coiffeur, c’est génial ! »

Le coiffeur ? Et oui, entre deux danses, Monica shampouine, colore, coupe et sèche ; structure, piquette, effile et dégrade ; assouplit, balaye et lisse. « Ce que j’aime, c’est rendre les gens beaux ». Toute la journée elle s’échine donc à rendre belles ces personnes qu’elle aime, « une clientèle extraordinaire, et variée, des bourges et des galériens, j’ai de tout ! Et je m’entends avec tout le monde. J’ai toujours été habituée à voir du monde, et j’en ai besoin en fait ». Alors qu’elle discute danse orientale avec un habitué qui attend au bac, Myriam, une cliente, laisse poser sa couleur, et glisse : « Monica est pétillante, attachante… et pro. Elle prend soin des gens, moralement et physiquement ».

Monica voulait être prof de sport, elle a finalement opté pour la coiffure. Incrédule, son entourage était au départ peu confiant devant son désir d’être sa propre patronne. Et, « prof, c’était quand même un meilleur statut pour ma mère… », se souvient-elle. Mais, volontaire et têtue, elle savait ce qu’elle voulait : être entourée de gens au quotidien, exercer sa passion, et être libre de le faire comme elle l’entendait. A la Porte de Vanves, elle a donc trouvé son bonheur : un local « en ruine » qu’elle a rénové et aménagé comme elle le désirait, et des clients avec qui partager ce petit espace de sérénité.

Réalisation : Flore Viénot, Kasia Wdera, Mars Lefebure

Category: Documentaire